tell me the story of your life.En cette nuit d'été, la maison des Sicoli est calme, vraiment calme. Mais un bruit vient le troubler brusquement ; le bambin de la famille s'est réveillé. Les jeunes parents se retournent dans leur lit en soupirant, exaspérés. C'est sûr ; les premiers mois précédents la naissance d'un enfant ne sont pas très joyeux, mais c'est le prix à payer pour donner naissance. «
C'est ton tour, ma puce, je m'en suis occupé il y a deux heures … » Annonce le jeune homme qui se replace sur le ventre, enfonçant sa tête dans l'oreiller pour se rendormir. «[color:3d25=6600FFl] Hmm … je crois qu'il faut qu'on pense à prendre une gouvernante ; je ne vais pas supporter toutes ces nuits blanches longtemps. » Dit la concernée après s'être levée de son lit. Avant de sortir de la chambre, elle entend son mari rire. Il se moque d'elle et elle hausse des épaules. «
Quel gamin. » Murmure-t-elle sur le ton de l'ironie. Elle se dépêche d'aller voir son fils ; Matteo Ai-Lani, anciennement Keegan Sicoli. «
Bah alors, qu'est-ce qui ne va pas mon bébé ? » Demande-t-elle, même si elle sait déjà qu'elle ne va recevoir que des pleurs en réponse. Et c'est ce qu'il se passe. Elle soupire une nouvelle fois avant de prendre le bambin dans ses bras. L'enfant se calme directement et ferme les yeux instinctivement. Sa mère le regarde, hébété. L'a-t-il réellement réveillé seulement pour ça ? Son nez se fronce de lui-même tandis qu'elle berce son fils, avant de sourire faiblement. Elle qui a toujours trouvé les nouveaux nés très moche, son enfant est une exception à la règle. Elle le trouve magnifique. Mais tout le monde le sait ; ce ne sont que les pensées d'une maman. Aucune mère ne trouvera jamais son enfant moche. C'est comme ça, c'est tout.
Ai-Lani se tient devant une vitrine, les lèvres entrouvertes et les yeux illuminés. Il tire inlassablement sur la main de son père qui discute avec un homme de son âge. Finalement, lorsque la conversation se termine, le père du garçon se tourne vers lui pour lui demander ce qu'il veut. «
Papa ! Je veux une glace italienne ! » Demanda-t-il, se retournant vers son père avant de faire la moue. Le concerné rigole légèrement avant d'ébouriffer les cheveux de son fils. «
Vicieux. Tu sais très bien que je ne peux pas résister à ta bouille d'ange ! On y va ! Nougat, je parie ? » «
Oh oui, oui, oui ! Nougaaat ! » L'enfant tire son père jusque dans la boutique du glacier en sautillant, un immense sourire accroché à ses lèvres. Son paternel le laisse prendre la commande, souriant tendrement devant l'air béat de son fils unique. Le glacier tend finalement les deux glaces demandées et le père de Ai-Lani s'empresse de payer avant de sortir, tous deux ayant leur glace préférée. «
Merci papa ! T'es le meilleur ! » Et le reste de la journée se passe tranquillement, sans aucun autre caprice du jeune Dal Magro.
Ai-Lani se bouche les oreilles, caché sous son lit, les larmes aux yeux. Il tremble et mords sa lèvre inférieure toutes les deux secondes. Ses parents hurlent, des bruits de vaisselles cassées se font entendre. C'est la troisième fois ce mois-ci qu'ils se battent. Avant, ils ne s'étaient jamais criés dessus. Avant ... l'enfant donnerait tout pour revenir en arrière, faire que sa mère ne découvre pas son père avec une autre. Il a beau être petit, il a compris. Son père trompe sa mère et cette dernière en souffre. Il se roule en boule, reniflant bruyamment tandis que les cris fusent encore plus fort. «
Putain Andreas, tu te rends compte qu'on a un gosse ? » «
Ne le mets pas dans cette histoire. » «
MAIS PUTAIN C'EST TON FILS ! » Un bruit de gifle se fait entendre et Ai-Lani sursaute. Il rampe pour finalement se lever et coller son oreille droite contre la porte. Personne n'a le droit de porter la main sur sa mère. Il tremble encore. «
Ferme-là. Si tu n'es pas contente, casse-toi. Je n'ai pas besoin de toi pour vivre. » Le gamin recule brusquement, les lèvres entrouvertes, de la morve coulant de son nez. Oui, il n'est pas beau à voir, mais sur le moment, il ne pense plus à son physique. Il pense à sa mère. Elle ne peut pas partir. Elle n'a pas le droit de l'abandonner. L'enfant court à son bureau pour attraper son baladeur mp3 avant de mettre la musique à fond. Finalement, il réussit à s'endormir, les cris n'atteignant plus ses oreilles de petit garçon innocent.
Ai-Lani attend sur le banc de l'école, les bras croisés. Cela fait trois mois qu'il est arrivé à Liverpool, en Angleterre, avec ses parents. Il regarde les parents venant chercher leurs enfants avec un grand sourire aux lèvres. Son père va être en retard, il le sait, on l'a prévenu. L'enfant soupire longuement avant de sentir une main pressée son épaule. Il relève légèrement la tête avant de tomber nez à nez avec le nouvel élève ; un petit brun aux yeux pétillants. Il lui sourit faiblement avant de se décaler pour lui laisser une place. «
Salut, moi c'est Jaxen, mais les autres m'appellent Jax. » Annonce l'enfant, tendant une main amicale vers le jeune Sicoli. «
Moi c'est Keegan Sicoli. » Répond-il simplement. Pendant quelques minutes, aucun des deux ne parlent, jusqu'à-ce que Jaxen lance la conversation sur les courses de voitures. Au bout de cinq minutes, les deux garçons décident de devenir ami et lorsque la mère du garçon se montre, les deux enfants se saluent en souriant. Quelques minutes plus tard, le père de Lani arrive enfin. «
Tu n'as pas attendu trop longtemps, j'espère ? » Demande le trentenaire, les cheveux un peu défaits. Le garçon hausse des épaules tout en montant dans la voiture de sport de son paternel. «
Non. Je me suis fait un nouvel ami, il s'appelle Jaxen, il est super ! » «
Je suis content pour toi. » Et la conversation se termine là. Depuis quelques semaines, son père se fait un peu plus distant avec lui, mais cela ne dérange pas Ai-Lani. Depuis qu'il a porté la main sur sa mère, l'enfant ne considère plus son père comme tel. Pour lui, c'est un étranger. Quelqu'un à éradiquer de sa vie. Il le déteste.
Jaxen vient de passer en vitesse devant Ai-Lani qui comprend très vite le signal. Il commence donc à le suivre, suivit de deux autres garçons. Il y a une bande de garçons au collège ; des garçons qu'ils n'aiment pas du tout. Ils font la loi et frappe les autres. Ai-Lani n'aime pas ça. Surtout depuis qu'ils s'en sont pris à Jaxen, son meilleur ami. Les quatre amis foncent sur le petit trio. C'est une embuscade. Il n'y a aucun professeur dans les parages, ils vont souffrir. Jaxen frappe le premier, donnant un coup de pied dans les côtes à l'un des garçons. Ai-Lani le suit de près en utilisant son poing droit qu'il envoie très vite dans la mâchoire du «
leader » du trio. La bagarre est animée et très vite, les teignes se retrouvent entourés de spectateur. Les coups fusent de tous les côtés jusqu'à-ce que les surveillants se montrent, éloignant les adolescents des autres. «
Touches encore une fois Jax et je te tue ! » Hurle Ai-Lani qui se débat comme il peut pour qu'on le laisse aller lui refaire le portrait. «
Calme-toi Keegan. » Demande l'un des surveillants en le tirant derrière. Les deux groupes se retrouvent très vite au bureau du directeur et très vite, les parents des sept garçons arrivent. Lorsque c'est au tour des parents d'Ai-Lani, le jeune homme se montre très boudeur. «
Votre fils s'en est pris à des garçons sans aucune rai- » «
Ils ont frappé Jaxen, la vengeance est quelque chose de sacré. » Après cette phrase, le jeune Dal Magro se prend une légère tapette sur la tête de la part de son père, qui lui lance alors un regard froid. «
Excusez-le, je ne sais pas ce qu'il lui prend. » «
Monsieur Sicoli, vous savez, ce n'est pas la première fois qu'il se bat de la sorte. Si je le reprends en train de se battre, je pense qu'il faudra voir ... une punition plus sévère que les heures de colles, si vous voyez ce que je veux dire. » «
Bien-sûr, monsieur. Bien-sûr. » Les trois Sicoli sortent finalement du bureau du directeur et foncent dans la voiture pour parler à l'abri des regards indiscrets. «
Keegan, tu es privé de sorties, de télévision, de jeux vidéos et bien-sûr, hors de question que Jaxen vienne à la maison ce week-end. » «
Quoi ? Mais papa ... » «
Pas de mais. » «
Pourtant, toi, quand tu frappes maman, personne te dit rien, alors que c'est les connards qui font ça. » C'est la phrase de trop. Pour la première fois de sa vie, Ai-Lani se reçoit une gifle de la part de son père. L'adolescent ouvre grand les yeux tandis que sa mère fixe ses genoux, n'osant rien dire. «
Quand on rentre, tu vas dans ta chambre. Tu ne mangeras pas ce soir. » Ce fut la première altération entre le père et le fils Sicoli.
Ai-Lani vient de recevoir un coup de fil de son meilleur ami. Son cœur bat la chamade tandis qu'il ouvre la fenêtre de sa chambre pour filer en douce. Il se met à courir à travers les rues de Liverpool. Le quartier est grand, mais il sera bientôt chez Jaxen. Finalement, lorsqu'il arrive devant l'immeuble, il sonne comme un taré à l'interphone jusqu'à-ce qu'on lui ouvre la porte. Il entre dans l'appartement du jeune homme avant de voir l'épave qu'est devenu son plus proche ami. Il est dans un sale état. Ses vêtements sont pleins de sang, ses lèvres sont gonflées et son arcade est ouverte. Il s'approche lentement avant de lui demander ce qu'il s'est passé. «
Keegan ... tu sais que ma mère est malade ... je voulais l'aider ... seulement ... j-je ne peux pas les rembourser ... pas tout de suite ... ils veulent me tuer Keegan ... » Le jeune Sicoli entrouvre les lèvres sans pour autant parler. Il reste choqué. Dans quel merdier s'est-il foutu, celui-là ? «
K-Keegan ... aide-moi ... s'il te plaît ... » Il ne peut pas dire non. C'est la seule personne en qui il a confiance. «
Je vais aller les voir. » Dit-il tout en se relevant, mais il est vite rattrapé par la main de Jaxen. «
Non ... non. Ils vont te ... te tuer. » «
Je n'ai pas d'ordre à recevoir, Jax. J'y vais et c'est tout. Cette histoire sera réglée dans moins d'une heure. » Dit-il avant de sortir de l'appartement, les poings serrés. Personne ne s'en prend à ses proches. Personne. Pas même les gangs de Liverpol. C'est sûrement naïf de penser ainsi, mais Ai-Lani pense comme ça, c'est tout.
Très vite, il arrive à destination. Un groupe est là, en plein trafic de drogues. JAi-Lani s'approche, on le toise du regard tandis qu'il s'arrête pour finalement croiser les bras contre son torse. Un jeune homme s'approche de lui pour lui faire face, le regard froid et méprisant. «
C'est quoi, ton problème ? » «
T'es celui à qui Jaxen O'Loghlin doit de la tune ? » Demande Ai-Lani, sans prévenir, sans sourciller. «
Ouais. Ouais, c'est moi. Pourquoi ? Il t'envoie à sa place ? » «
Je m'envoie moi-même. Je ne te paierai pas pour Jax. Je viens te proposer mes services en échange de sa vie. » L'homme tourne autour de Ai-Lani tel un vautour, marmonnant dans sa barbe avant de lui donner un coup dans le dos, le faisant tomber à terre, sous la surprise. Le jeune Sicoli se relève sans broncher. Il sait très bien à qui il à affaire. «
Et pourquoi je ferai ça ? » Demande le leader du gang, méfiant. «
Parce que mon meilleur ami a besoin de moi et que je ferai tout pour le protéger. Il est comme mon frère, alors tu devrais savoir qu'un lien comme ça est plus fort que n'importe quoi. Tu dois bien avoir besoin de main d’œuvre dans un domaine. » «
Ouais, j'ai perdu mon tueur à gages alors j'ai besoin d'un nouveau tueur. » Ai-Lani se raidit. Quoi ? Non. Hors de question qu'il tue. L'inconnu laisse un rictus étirer ses lèvres roses avant d'hausser des épaules. «
Reviens me voir quand tu te seras décidé, mon p'tit. » Le Sicoli n'attend pas plus longtemps avant de filer, ignorant les personnes le fixant d'un air froid. Pas possible. Jaxen devra trouver une autre solution. C'est certain.
En cette fameuse nuit d'automne, rien ne laisse prévoir que de terribles choses vont se passer dans ce quartier de Liverpool. Le calme berçait les rues, seuls quelques crissements de pneus se faisaient entendre, mais tout cela est normal, chaque nuit, on a l'habitude de les sentir parvenir à nos oreilles. Alors, que veulent dire les quatre voitures garées devant une maison bien particulière ? Seuls les passagers de ces dernières le savent. Ainsi, on peut entendre plusieurs claquements de portières tandis que des murmures s'échappent des lèvres du groupe d'hommes armés. Dans les maisons, aux alentours, tout le monde dort. De toute façon, qui oserait s'imaginer qu'une famille possédant une très bonne réputation allait se faire massacrer sans gênes ? Personne. Les humains sont tellement naïfs et égoïstes qu'ils préfèrent ne rien voir, qu'ils préfèrent faire semblant de ne rien savoir plutôt que de se faire du mal. C'est assez déroutant quand y pense, mais qui sommes-nous pour juger ? Nous sommes exactement comme eux.
Les secondes passent sans que rien ne se passe. Le groupe d'hommes n'a pas bougé. Ils fixent tous un point particuliers ; la lumière émanant de l'une des pièces de la maison dans laquelle ils doivent entrer. Pourtant, à trois heures du matin, tout le monde est censé dormir, n'est-ce pas ? Celui considéré comme le chef soupire et hausse des épaules, faisant signes à ses acolytes de le suivre. De toute façon, ils ne sont que deux adultes entre ses murs, alors ... que pourront-ils faire contre une dizaine d'hommes armés jusqu'aux os ? Rien, évidemment, ils ne pourront rien faire du tout. C'est ainsi qu'ils ouvrent la porte grâce à un fil d'acier et qu'ils rentrent dans la maison de banlieue sans faire le moindre bruit. Deux restent dehors tandis que les huit autres se dépêchent de monter à l'étage. Il n'y a que le silence les accompagnant. Parfois, l'un d'eux respire trop forts et tous s'arrêtent pour le dévisager, mais ils reprennent très vite leur marche en direction de la première chambre à coucher. Une porte s'ouvre lentement et un spectacle plutôt attendrissant se passe devant leurs yeux, seulement, ils ont été entraînés pour ne ressentir aucun sentiment de pitié. Non, ils sont là pour tuer, pas pour jouer les gentils messieurs. Tous retirent la sécurité de leurs armes et sont étonnés de voir les deux personnes encore endormies quelques secondes plus tôt se relever d'un coup. Le jeune adulte ouvre grand les yeux et se jette sur sa femme tandis que les coups retentissent brusquement. Pas très loin d'eux, un enfant vient d'ouvrir les yeux et sort de son lit, tremblant comme une feuille. «
Pitié … » Souffle la jeune femme qui serre le corps inerte de l'homme qu'elle aimait. Les larmes descendent le long de ses joues sans s'arrêter et le chef du groupe s'approche lentement d'elle tandis qu'elle plonge son regard dans le sien. Il faut qu'elle gagne du temps. Son fils est intelligent, il s’enfuira et ira prévenir les autres. Oui, c'est ce qu'elle se dit. Elle entrouvre les lèvres pour parler, mais elle n'a pas le temps de dire un mot de plus qu'une balle se niche dans sa tempe gauche. C'est ainsi que, les yeux exorbités et les mains serrant les épaules de la première victime, le corps de la femme tombe part terre en un bruit sec. Les hommes ne s'attardent pas très longtemps et changent de pièce. Sauf un. Ai-Lani, le soit disant chef. Il se mord la lèvre inférieure et sent un frisson parcourir son dos. Ce n'est pas la première fois qu'il tue, mais … il ressent toujours le même sentiment de dégoût. Oui, il se dégoûte lui-même. Même si Jaxen a disparu du jour au lendemain il y a trois mois, Ai-Lani continue son travail. Un peu plus loin, caché dans son coffre à jouets, le fils du jeune couple décédé vient d'envoyer un sms de SOS aux amis de ses parents. Comment a-t-il eu le téléphone ? C'est très simple. Ses parents le lui laissent toujours la nuit et lorsqu'ils ne sont pas là. Après tout, ils ne font pas partis d'un gang pour rien. Un homme au visage balafré ouvre la porte de la chambre de l'enfant en toute hâte, la faisant ainsi claquer contre le mur et alertant le seul mineur présent dans la maison qui ferme les yeux petit à petit, se berçant lentement en se disant que ce n'est qu'un cauchemar, que sa mère va bientôt le réveiller et le prendre dans ses bras pour le câliner en le réconfortant. Oui, il en est sûr. Alors, pourquoi diable ne vient-elle pas ? Il sursaute alors qu'une lumière l'aveugle et il pousse un petit couinement quand une main lui agrippe fermement le bras droit pour le tirer hors de sa cachette. Il ne rêve pas … non, la douleur est trop forte pour que cela ne soit qu'un rêve … Il va donc mourir ici ? L'enfant se débat autant qu'il le peut, mais un autre arrive et lui donne un coup sur la tête qui l'assomme un peu.
«
Doucement petit, je ne vais pas te faire de mal, ne t'en fais pas. » La voix rauque le transperce. La peur monte petit à petit, faisant trembler tous ses muscles. Du haut de ses six ans, il ne peut que supplier, sa petite voix tremblotante attirant les rires des autres hommes présents dans la pièce. Dans la chambre d'à côté, ses parents viennent d'être tués ; son tour va bientôt arriver. «
Calme-toi petit, on ne te veut pas de mal. » Tonne la voix rauque appartenant à l'homme qui enserre sa gorge d'une main. Cependant, il n'écoute pas son tortionnaire et tente de se débattre une nouvelle fois, enlevant dans son élan, la cagoule l'empêchant de voir qui est son agresseur. L'enfant ouvre grand les yeux, reconnaissant son visage. Il bégaie quelques mots sans pour autant réussir à faire une phrase correcte tandis que son agresseur approche de sa tempe un revolver. «
Tu n'aurais jamais dû faire ça, petit. » La sécurité de l'arme fut retirée. L'enfant se mord la lèvre inférieure et ferme les yeux aussi fort qu'il le peut, attendant le moment fatidique. Un coup résonne alors dans toute la maison et se répercute entre les murs. Les hommes présents lors du coup tiré partent sans plus attendre se dépêchant de monter dans leurs véhicules. Ai-Lani est à l'intérieur de l'un de ces derniers. Il est côté passager et essuie son visage grâce à un chiffon. Ses mains tremblent. Il vient de tuer. Encore. Cela le dégoute. Mais il ne peut rien faire d'autre. Enfin … c'est ce qu'il croit pour le moment.
Ai-Lani le regarde. Cela fait un mois qu'il le suit en secret. Qu'il l'épie pour connaître le meilleur moment où le tuer. Il ne comprend pas pourquoi. Hier, il a eu l'occasion de le faire, mais il n'a pas pu s'y résoudre. Ils se sont parlés une fois, lorsqu'il lui est rentré dedans pour lui voler son porte monnaie sans qu'il le remarque. Il fallait qu'il en sache plus sur ce gamin. Il est sa future victime. Le fils de l'un des nouveaux ennemis du leader du gang auquel Ai-Lani appartient. En effet, le père de cette dernière s'est endetté auprès du patron du jeune Sicoli. Son but est maintenant de la tuer. Il s'installe sur un banc, à quelques mètres d'elle, une capuche cachant son visage. Il joue à un jeu sur son android tout en gardant un œil sur le jeune homme. Brusquement, ce dernier s'en va. «
Suis-le. » La voix résonne dans son oreillette. Le moment est venu. Il est en sûr. Il se relève doucement et commence à la suivre de nouveau. L'autre garçon se retourne. L'a-t-il remarqué ? Non. Impossible. Il s'engage dans une ruelle et Ai-Lani le suit. Le plus jeune se met à courir et l'italien à moitié britannique en fait de même et très vite, il le rattrape et le plaque contre un mur. Le dénommé Killian plisse des yeux et tente de reprendre une respiration normale. «
Les hommes de mon père te suivent. Si tu me tues, ils te tueront aussi. » Ai-Lani n'en croit pas un mot. Il sait très bien que les hommes derrière lui sont ses acolytes. «
Non. Ils ont déjà été tué. » Annonce-t-il. Il sort un couteau de sa veste et le place sous la gorge du jeune homme. «
Fais-le. » La voix retentit de nouveau, mais Ai-Lani tremble. Il ne peut pas. Il ne sait pas pourquoi. Du moins, il ne veut pas se l'avouer. Tomber amoureux ? Et puis quoi encore ? L'amour, cela n'existe pas. «
Si tu ne le fais pas, les autres s'en occuperont pour toi. » Cette menace est de trop. Ai-Lani arrache l'oreillette et le micro étant accrochés à lui. Il attrape le poignet du presque inconnu avant de le forcer à courir. «
Bouge. On n'a pas beaucoup de temps avant qu'ils ne captent que je fais foirer le plan. » Il se débat, mais le jeune Sicoli est trop fort. Il veut le protéger. Il en a besoin. Il le sait. Mais il ne veut pas y croire. Il préfère se dire qu'il en marre de son boulot. Qu'il veut vivre comme avant ; normalement. Très vite, ils arrivent à son appartement. Il l'oblige à rester assise sur le canapé. «
Ne bouge pas. Tu n'es plus en sécurité nulle part. » Ai-Lani attrape ses papiers avant d'envoyer de prendre ses clefs de voiture, reprenant le jeune homme par le poignet. Ils descendent en vitesse et Ai-Lani le force à rentrer dans sa voiture. «
Mais laissez-moi partir ! » «
T'es con ou tu le fais exprès ? A l'heure qu'il est, ils sont en train de descendre ta famille et crois-moi, tu ne veux pas voir le spectacle. Maintenant, tu ne peux faire confiance à personne. Je ne te dis pas de me faire confiance. Tu peux même t'enfuir, je ne te retiens pas. Mais tu crèveras. Sans moi, t'es mort, maintenant. » Dit-il avant d'appuyer sur l'accélérateur pour se rendre à la décharge. «
Bon, on descend. On va se rendre chez un ami à moi, il nous aidera. » Annonce-t-il avant de le tirer derrière lui, sur ses gardes.
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«
Voilà ta nouvelle carte d'identité. Tu devras faire gaffe quand même. On ne sait jamais. » Annonce Ai-Lani tout en tendant des papiers au jeune homme lui faisant face. Le garçon ne le supporte pas, mais il est obligée de faire avec. Sans lui, il se fera tuer. D'ailleurs, il a failli en faire les frais en essayant de s'enfuir. L'un des membres du gang le poursuivant lui a tirer dessus juste avant qu'Ai-Lani n'arrive pour le sauver. Il gardera toujours une cicatrice sur la cuisse de cet incident. «
Quand on sera là-bas, plus question qu'on s'appelle par nos anciens prénoms. Pas de Keegan, ni de Sicoli. Seulement Ai-lani ou Dal Magro, compris ? » Il hoche de la tête positivement, même si il aimerait lui coller une droite en pleine tête. Le jeune homme soupire longuement avant de réserver un billet d'avion pour Naples. Ils vont habiter là-bas. Ils y seront en sécurité. Ai-Lani en est sûr. Il passe une main dans ses cheveux avant de ranger la dernière valise dans la voiture de sport de son ami. Il lui fait confiance, c'est vrai, mais il ne lui a pas dit où ils se rendent. Après tout, pourquoi le lui dirait-il ? Ils ne se reverront plus, après tout. «
Bon, allez. On s'casse d'ici. » Dit-il avant de monter dans la voiture suivit de près par le jeune homme.
«
J'y vais ! » La voix du jeune homme se fait entendre dans la maison tandis qu'Ai-Lani sursaute. Il se lève du canapé pour le regarder partir. Cela fait maintenant huit mois qu'ils habitent ensemble. Et même s'ils se prennent très souvent la tête, ils arrivent à s'entendre, de temps en temps. Ai-Lani ne lui a toujours pas dit pourquoi il l'a protégé. Dès qu'il tente de lui en parler, il évite le sujet. Il ne veut plus parler de son passé. Il ne veut pas lui dire pourquoi il l'a sauvé, au péril de sa propre vie. De toute façon, comment pourrait-il lui dire qu'il l'aime, si lui-même ne veut pas y croire ? Après tout, c'est un homme marié à sa peur de l'amour.