tell me the story of your life.Mon cher journal.
Nous sommes le 3 juin 2007. J’ai attendu Seven devant la piscine municipale de Zagreb, où j’ai eu mon entrainement ce matin. Il était en retard, mais de toute façon, mon frère était toujours en retard. Enfin, j’ai aperçu sa voiture. Le sourire aux lèvres, je me suis naturellement avancée vers lui, jusqu’à être stoppée nette par son air grave. Il s’était passé quelque chose, quelque chose de grave. Il m’a serré dans ses bras, puis a plongé son regard triste dans le miens. Sans même savoir pourquoi, je me suis mise à pleurer. J’ai senti des larmes coulées le long de mes joues, j’étais perdue, je ne savais pas ce qui m’arrivait à ce moment précis.
« Papa et maman… Ils sont… ». Sans même le laisser terminer, je suis tombée en pleurs dans ses bras. J’étais triste, en colère, je me sentais abandonnée. Je ne voulais même pas savoir comment. Enfin ce n’est pas vraiment que je ne voulais pas, c’est que j’étais trop triste pour y songer. On a bien du rester plusieurs minutes, immobiles. Il était là, mais je me sentais seule. J’étais mal, je voulais mourir. On est monté dans la voiture, et on a commencé à prendre la direction de la maison. Ce n’est qu’en franchissant la porte que je me suis effondrée. Ils n’étaient pas là, la maison faisait vide, alors que tous les meubles étaient encore là. Je me suis précipitée dans ma chambre, pour m’étaler sur mon lit et éclater en sanglot. Seule… Je pleurais sans même réaliser que je ne les reverrais plus jamais. Je suis restée dans ma chambre longtemps. Je ne voulais voir personne. De temps à autre, Seven venait me rejoindre, et on restait tous les deux, à écouter de la musique. On ne se parlait pas, on était chacun plongé dans nos pensées.
Hier ont eu lieues les funérailles. Je crois pouvoir dire que ça a été le pire jour de ma vie. Mais pour mon frère, ça a été pire. Il a du s’occuper de tout, seul… La famille lui a tourné le dos. Ce matin, Seven s’est occupé des papiers administratifs. Il m’a laissé le choix, de vivre avec lui ou de partir chez notre oncle. Je ne me suis même pas posée la question. Orpheline, je ne voulais pas non plus perdre mon frère. Mais notre vie n’allait pas être rose dans les années à venir. C’est triste d’apprendre après la mort de nos parents qu’en fait, on a plus de sous. On a grandi dans le luxe absolu et du jour au lendemain, on n’a plus rien. On est seuls, livrés à nous même. Personne ne veut nous aider. Seven est en colère contre la famille, il n’a qu’une envie, c’est partir pour ne plus voir leurs têtes. Pour devenir mon tuteur, il a du se battre, étant donné qu’on a plus d’argent, plus de maison… Mais ensemble, on va s’en sortir, on sera toujours ensemble et tout ira bien. Jamais je n’aurai pensé que ma vie pourrait se transformer en un tel cauchemar. J’ai envie de mourir, de les rejoindre…
On a quitté Zagreb. On y voyait que des mauvais souvenir, on voulait essayer de se reconstruire, pas d’oublier mais plutôt de continuer notre vie. On avait seulement 15 et 18 ans, et on était livrés à nous-mêmes. Des sacs à dos, un peu des économies qu’on a pu garder, mais on a souvent dormit dans la rue. On mangeait peu. Quelques fois, on a réussi à se faire héberger chez des personnes aimables. On a pris le train jusqu’à Rijeka. J’ai commencé une nouvelle année scolaire, pendant que Seven trouvait des petits boulots. Je l’aidais comme je pouvais, je me sentais dépendante, trop dépendante. J’étais un boulet plus qu’autre chose pour lui. J’ai essayé de partir, mais il m’a retrouvé, et m’a bien engueulé d’ailleurs. Au fond, on était liés plus que jamais, on était deux et ce, pour toujours.
Depuis trois ans maintenant, on est seuls, mais deux. Il faut avouer qu’on n’a jamais été aussi proche que maintenant. J’ai réussi à obtenir mon diplôme et maintenant, je me consacre à la natation, avec Seven. On forme une équipe, un duo, c’est nous ou rien. Il m’a toujours encouragé dans la natation, et maintenant, il a de grands projets pour moi. Je me suis beaucoup améliorée, je vise les championnats de Croatie, enfin Seven les vise pour moi, et vu que je ferais tout pour lui. Même s’il arrive qu’on se dispute, ça reste des chamailleries entre frères et sœur. Un soir, on a trouvé un petit coin sympa pour manger, je me suis décidée à lui poser la question, la fameuse qui me hantait depuis deux ans.
« Comment ils sont… », à peine j’ai commencé ma phrase que les larmes ont pris places sur mes joues. On n’avait pas l’habitude d’en parler, on essayait de passer à autre chose et puis, l’un comme l’autre, on n’aimait pas trop parler du passé.
« Un accident de voiture. » me répondit Seven en me prenant dans ses bras. Je me sentais mal de remuer le passé. Et puis soudain, j’ai entendu un bruit qui a fait changer ma vie. Je me suis levée, oui je n’étais pas du tout peureuse, et je me suis approchée d’un buisson d’où provenait le bruit. Et là, j’aperçus un petit chiot, un beauceron, seul. Il était perdu, plutôt abandonné, et il avait peur. Je l’ai pris dans mes bras et l’ai ramené vers Seven.
« Hors de question. On n’arrive déjà pas à se nourrir tous les deux… » dit-il avant même que j’ai eu le temps de dire un mot.
Aujourd’hui, nous sommes le 12 avril 2014. Grâce à tous mes efforts dans la natation, et avec tous les précieux conseils de mon entraineur de frère tyrannique, j’ai réussi à obtenir une bourse d’étude en Italie ! Enfin, on nous offre une nouvelle vie. Je vais pouvoir reprendre des études tout en me donnant à fond du côté sportif. Et oui, on est en route pour Naples, Seven, Buck et moi. Buck, mon petit chien de maintenant trois ans qui a bien grandit. Au fond, on forme une vraie famille, tous les trois. Et à nous la conquête de Naples ! Ciao.