Le soleil napolitain est à son zenith et j’étais dehors à profiter de la magnifique journée, alternant entre un peu de shopping et le simple vagabondage entre les rues de mon enfance que j’avais l’impression de toujours connaître par coeur. De toute manière, toutes les rues à Naples renvoient à la mer non ? il était quasiment impossible de perdre son chemin ici. Au bout de plusieurs heures, ma bouche se dessèche peu à peu. En même temps, je n’ai pas bu depuis ce matin et avec cette chaleur, inutile de risquer de faire un malaise. En un coup d’oeil, je repère un petit bar avec une charmante terrasse et décide de m’y asseoir et de passer commande, un simple jus d’orange suffira.
Ma boisson arrivant, j’en bois les trois quarts en quelques secondes, profitant pour regarder la foule passante, n’ayant rien à voir avec e que l’on pouvait voir à Paris en terrasse. ici les gens étaient beaucoup plus détendus, tout semblait bien plus calme et tranquille ici que partout ailleurs dans le monde. J’ignore pourquoi, mon regard se perd sur une silhouette de dos, ignorant encore qu’elle me rappelait en vérité une personne côtoyait en France. Ce n’est qu’au bout d’une longue minute quand la personne se retourna que je sentis mon coeur presque s’arrêter de se battre.
Cette silhouette, cette coiffure donnant un air coiffé/décoiffé du beau gosse qui n’a pas besoin de se brosser le matin, cet air nonchalant et sûr de soi, cet attroupement discret de femelles en chaleur un peu plus en arrière, il ne faisait aucun doute : J’avais devant moi mon ex petit-ami.
Il fallait l’avouer, ce n’était pas n’importe quel petit ami, pas le genre de primaire qu’on bécote en cachette dans les toilettes mais plutôt le genre auquel on s’attache furieusement, et qu’on sait qu’on oubliera pas malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent. En parlant de ça, je me souvenais parfaitement du jour où je lui avais annoncé mon départ pour Naples. Certes, je n’avais pas été ingrate et je l’avais prévenu bien avant qu’il était possible que je m’en aille très rapidement mais j’étais quasi persuadée qu’il ne me pensait pas véritablement sérieuse sur le moment. Cela avait été trois merveilleux mois, il fallait le dire : Très souvent, nous nous étions disputés, le genre assez fort où les assiettes se brisent et chacun essaye de hurler plus fort que l’autre, la plupart du temps par jalousie, ou bien tout simplement pour des avis divergents, mais jamais véritablement pour quelque chose de très grave.
Jusqu’à la dernière dispute, la plus épique de toute. Celle où je lui avais dit que trois jours plus tard je serai de retour dans ma ville d’origine. Sur le coup, il avait pensé à une sale blague et pourtant à ma tête il avait bien vite compris que ce n’en était pas une. Il avait eut beau tout faire, hurler, me dire de rester, je secouais négativement la tête presque automatiquement et lui répétais que jamais je ne lui avais promis de rester et que j’avais été honnête depuis le départ avec lui. Ma plus grosse erreur avait été sans doute de m’en aller sans donner l’impression que c’était difficile, chacun de nous avait parfaitement joué son petit jeu et l’un entraînant l’autre, les ponts avaient été coupés de cette façon. Une manière que je pensais d’ailleurs définitive, bien que de nombreuses fois j’avais eut cette envie horrible de l’appeler pour savoir comment il allait, s’il s’en était remis mais cela n’aurait servi strictement à rien.
Pourtant là je me retrouvais plus ou moins face à lui, séparée de mon ancien compagnon d’une simple rue à traverser et j’avais deux options : soit me lever et partir en courant sans payer ma note et risquer de me faire poursuivre par plus d’un homme, soit rester ici comme une idiote à prier qu’il ne tourne pas la tête. J’optais pour la deuxième solution, plaçant ma main sur le côté de ma tête pour tenter de me dissimuler, peine perdue.
mocking jay.