pia ♦ defying gravity

CHUCK. Quand j'ai intégré le personnel de Phineas & Collins, tout n'a pas été simple pour moi. Je débarquais dans un environnement que je ne connaissais pas. Malgré quelques stages durant ma formation en France, je n'étais pas une experte car je n'étais pas habituée au rush. Puis, dans ce genre d'environnement, ils n'aiment pas trop les petites jeunes qui débarquent, la bouche en cœur avec l'intention de bien faire pourtant... De ce fait, mon premier jour, j'étais vouée à déjeuner seule à la cafétéria alors que tous les regards se posaient sur moi. Je n'aime pas particulièrement avoir l'attention sur moi donc c'était tout ce que je détestais. Je triais ma salade piémontaise, j'étais pleinement concentrée à en ôter les morceaux de poivrons. Puis, je fus déconcentrée. Bonjour, je peux m'asseoir avec toi ? Finissant de machouiller un morceau de pommes de terre, je lui adressais un sourire sympathique. C'était la première personne qui m'adressait la parole, en dehors des clients aujourd'hui. Oui, bien sûr. D'un signe de la main, je désignais la chaise en face de moi. Il prit place et je me rendis compte qu'il avait tout pris comme moi. Cela m'amusa quelque peu. Tu es nouvelle, je me trompe ? Non non, tu as raison ! Je suis arrivée tout juste ce matin. Tu as un accent, c'est mignon. J'eus un léger rire à la fois nerveux et gêné. C'est probablement parce que j'ai fait mes études pendant deux ans en France et j'en reviens tout juste. Ah oui, sûrement. Moi, je suis interne et je suis arrivée il y a peu également. Il fût celui qui m'aida à m'intégrer dans l'équipe. C'était celui qui m'emmenait boire un verre à la fin de chaque journée de travail, afin de décompresser un maximum. Il était vraiment, sympa, attachant, à l'écoute, de bons conseils. Il a dû me demander une dizaine de fois de sortir pour dîner avec lui et, j'ai toujours refusé car ça apporterait un tournant à notre relation. Et, j'en étais pleinement consciente. Or, je n'étais pas prête à m'engager avec quelqu'un. Puis, je lui faisais confiance en tant qu'ami mais c'était franchir un grand pas : sortir avec lui. Ecoute, Pia. Tu me plais beaucoup, j'ai vraiment envie que tu me laisses t'emmener au restau pour qu'on puisse avoir un rendez-vous. Si tu refuses encore une fois, je te promets de te laisser tranquille. D'accord ! Quoi ? C'est d'accord pour qu'on aille dîner mais il va falloir que tu sois patient avec moi. J'ai du mal à m'investir pleinement dans une relation. Comme soulagé, il m'embrassa tendrement et, à cet instant, je sus que je ne le regretterais pas.

EFFIE. L'amour de ma vie a vu le jour il y a un peu plus d'un an maintenant. Il s'agit de ma petite fille. A l'époque, j'étais mariée à Charles depuis deux ans. Nous filions le parfait amour. Du moins, c'était ce que j'avais cru car je l'aimais. Ce n'était pas toujours simple car, en plus de vivre ensemble, il arrivait que nous travaillions ensemble sur des projets communs. Nos points de vue au niveau professionnel étaient souvent divergents, ce qui pouvait causer des conflits une fois de retour à la maison. On se couchait alors dos à dos, sans s'adresser un mot. Mais, je savais que le lendemain, on se reparlerait comme si de rien n'était. Après tout, c'était ça le mariage. Des conflits par moment mais avec une réconciliation au bout du compte. Oui mais voilà. Chuck ne réagit pas comme je l'aurais souhaité à l'annonce de ma grossesse. Enceinte ? Mais tu ne m'avais pas dit que tu ne prenais plus la pilule. Tu as voulu me piéger, c'est ça ? J'étais outrée. Je le regardais avec de grands yeux. Je prends toujours la pilule mais je l'ai changée il y a peu. Elle doit juste être moins efficace... Moi qui avait pensé que tu serais heureux. Comme si on avait le temps pour ça, Pia. Je préférais quitter la pièce plutôt que de m'énerver. Je partis dans la chambre et m'endormis une main sur mon ventre. Je voulais ce bébé et je l'aurais... Il a fini par s'y faire, restant avec moi. Et pourtant, il y a quatre mois, nous avons divorcé. Étrange mais je m'y étais préparée. J'avais senti qu'il restait avec moi plus pour Effie que par souhait de continuer sa vie avec moi. Nous nous sommes séparés. J'ai la garde de notre fille. Je la lui confie lorsque je travaille en soirée. Enfin, il la refourgue plus à une nourrice qu'autre chose. Ce qui ne manque pas de m'agacer d'ailleurs. Bref, nous restons en bons termes, il est un peu un ami mais une faille a pris place. Je crois qu'il y a certaines choses que je ne lui pardonnerais jamais. Notamment son infidélité durant la grossesse. Comme si je ne le savais pas, pfff ! Pour éviter les conflits au travail, j'ai quitté Phineas & Collins pour devenir chanteuse dans un piano-bar. Mes représentations sont régulières ce qui m'apporte un salaire stable et suffisant. A cela, s'ajoute la pension alimentaire que Chuck me verse. Même si j'essaye d'en utiliser que la moitié pour mettre le reste de côté pour Effie.